Lorsqu’on a une blessure ou une douleur, c’est dans notre nature même de vouloir connaître la structure précise qui nous fait mal. Après tout, ne pas savoir ce qui fait mal, c’est comme ne pas savoir pourquoi on a une infiltration d’eau dans le sous-sol : c’est anxiogène !
On place beaucoup d’espoir dans les radiographies, les échographies, les scans et l’imagerie par résonance magnétique (IRM). On se dit qu’en prenant une photo de l’endroit où on a mal, on devrait être capable de trouver le coupable qui nous fait mal.
Mais c’est majoritairement faux ! Dans la grande majorité des blessures et douleurs musculosquelettiques (les douleurs aux articulations, muscles, tendons, nerfs, ménisques, etc.), l’examen clinique (évaluation) avec le physiothérapeute est suffisant pour poser le diagnostic ET déterminer le meilleur plan de match.
Qui plus est, le fait de passer un examen d’imagerie médicale ne changera pas le plan de match pour guérir la blessure. Qu’est-ce que ça veut dire ça?
Évaluation du physio
=
Diagnostic Y et plan de traitement X
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Évaluation du physio + passer un examen d’imagerie
=
Diagnostic Y encore et plan de traitement X encore
Donc une grande partie des examens d’imagerie qui sont passés sont totalement inutiles pour vous aider. Assez décevant quand on a l’impression qu’on les passe justement pour que ça puisse aider notre sort!
Pire que ça, des études récentes démontrent que le simple fait de recevoir un résultat d’imagerie médical est suffisant pour augmenter l’anxiété et la perception négative de la blessure en plus d’augmenter le temps que ça prend avant d’aller mieux. Qui aurait pensé que de passer une radiographie pour notre mal de dos pourrait être suffisant pour retarder significativement le moment où on guérit?
Alors, comment expliquer que l’imagerie médicale ne nous aide pas toujours? Il y a trois concepts fondamentaux à comprendre pour répondre à cette question :
Premièrement, AUCUNE technologie à ce jour ne permet de voir la douleur. La douleur est un phénomène invisible qui ne peut être que sentie et expérimenté par une personne. On peut comparer la douleur à une émotion. Personne ne peut ‘’voir’’ la tristesse. On peut voir quelqu’un de triste, comme on peut voir quelqu’un qui a mal, mais la tristesse et la douleur sont seulement vécues par la personne qui en souffre.
Deuxièmement, les choses qu’on voit à l’imagerie médicale (usure, arthrose, déchirures, etc.), sont, en partie, des normalités associées au vieillissement. Plus on vieillit, plus on a des petites déchirures ici et là et de l’usure un peu partout. C’est donc normal de voir ça et ce n’est pas ça qui explique nécessairement pourquoi on a mal.
Troisièmement les choses qu’on voit à l’imagerie sont presque autant présentes (et des fois plus) chez les gens qui n’ont aucune douleur. Donc de l’arthrose dans le bas du dos, c’est aussi fréquent chez les gens qui ont mal au dos que chez ceux qui n’ont pas mal au dos. Il y a donc autre chose que cela qui explique pourquoi on a mal.
Il ne faut toutefois pas jeter l’imagerie médicale aux poubelles. Dans des cas de traumas ou de blessures qui pourraient nécessiter une chirurgie, l’imagerie peut alors être nécessaire et très utile ! Le physiothérapeute est formé pour savoir si une imagerie médicale est nécessaire pour déterminer le meilleur de plan de traitement de la blessure.
Si on résume tout ça,la très très grande majorité des douleurs et blessures se traite sans nécessiter d’imagerie médicale. Le plan de match sera rarement modifié à la suite d’une imagerie médicale. La douleur n’est jamais visible à l’imagerie et sa cause est rarement visible. Par contre, quand on suspecte une fracture ou une autre blessure plus grave, on utilisera l’imagerie pour éliminer les causes graves.
Pour en savoir davantage sur l’imagerie médicale, consultez le balado Parle-moi de santé réalisé par un de nos physiothérapeutes, Alexis Gougeon. L’épisode #27 aborde ce sujet.
Vidéo (centré) – Épisode #27 de Parle-moi de santé (l’imagerie médicale)
Retrouvez également l’épisode du balado sur les plateformes suivantes :
Sources :
- Jarvik (2002). Diagnostic evaluation of low back pain with emphasis on imaging. Annals of internal medicine.
- Murphy L (2008). Lifetime risk of symptomatic knee osteoarthritis. Arthritis Care & Research: Official Journal of the American College of Rheumatology.
- Van Tulder (1997). Spinal radiographic findings and nonspecific low back pain: a systematic review of observational studies. Spine.